D’après certains médias, les signalements de fraudes liés aux diagnostics de performance énergétique (DPE) auraient triplé en passant de 10 000 en 2022 à 30 000 en 2024. Cette information, soi-disant issue de la DGCCRF, s’avère après vérification totalement inexacte. Une confusion qui nuit à la crédibilité des DPE et de leurs professionnels certifiés.
Une intox autour des fraudes au DPE
Le 10 décembre, le site Econostrum publiait un article avec ce titre : « 30 000 signalements pour fraude au DPE : vers une nouvelle mesure pour projeter les propriétaires. » Si l’objectif réel est sans doute de les protéger, on remarque déjà une coquille typographique dans ce titre. Mais au-delà de cette maladresse, l’affirmation relayée manque de fondements.
Quelques jours plus tôt, d’autres médias, comme Se Loger, rapportaient que la DGCCRF aurait annoncé : « Une explosion des signalements de fraudes, passant de 10 000 en 2022 à environ 30 000 entre janvier et septembre 2024. » Pour appuyer cette déclaration, ils évoquent un projet de fichier national destiné à mieux encadrer les pratiques. Or, la DGCCRF n’a jamais publié de tels chiffres à propos des DPE.
L’origine des 30 000 signalements
Lors d’une conférence de presse tenue le 18 septembre 2024, la DGCCRF a effectivement communiqué des données. Mais celles-ci concernaient la rénovation énergétique dans son ensemble :
- 10 000 signalements en 2022,
- 23 000 en 2023,
- 30 000 en 2024 (de janvier à septembre).
Les fraudes recensées touchent essentiellement :
- Le démarchage téléphonique interdit, représentant 80 % des signalements ;
- L’usurpation d’identité pour de faux dossiers MaPrimeRénov’ ;
- Des simulateurs d’aides en ligne frauduleux.
Ni les DPE, ni les diagnostiqueurs certifiés n’étaient cités dans cette communication. Par ailleurs, l’Anah, également présente, a signalé environ 1 000 fraudes liées à MaPrimeRénov’ en 2023, sans évoquer les DPE.
Une confusion qui dégrade la confiance
Cette erreur médiatique, probablement involontaire, semble provenir d’une association trop rapide entre les DPE et le secteur de la rénovation énergétique. Cependant, tirer des conclusions hâtives ou diffuser des données erronées peut avoir des conséquences importantes :
- Cela décrédibilise le DPE et jette un doute sur l’intégrité des diagnostiqueurs.
- Cela mine la confiance des particuliers dans un outil essentiel pour la transition énergétique.
En réalité, les signalements de fraude évoqués ne concernent ni directement les DPE ni les diagnostiqueurs. Ce rappel est crucial pour éviter que des informations incorrectes n’alimentent un climat de défiance envers ce secteur.
Le même jour, l’Anah mentionnait environ 1 000 signalements liés à des fraudes concernant MaPrimeRénov’ pour l’année 2023. Ni cette agence ni la DGCCRF n’ont toutefois évoqué le diagnostic de performance énergétique (DPE) dans leurs communications. Leurs recommandations, qui incitent les consommateurs à la vigilance, ne mettent d’ailleurs jamais en cause les diagnostiqueurs certifiés.
Une confusion entre le DPE et la rénovation énergétique
Il est possible que l’erreur des médias soit due à une confusion entre un outil, le DPE, et le secteur de la rénovation énergétique auquel il est souvent associé. Cependant, utiliser des informations inexactes pour suggérer une recrudescence des fraudes au DPE reste problématique.
D’un côté, ces fausses affirmations contribuent à ternir l’image du DPE et à jeter le doute sur l’intégrité des diagnostiqueurs. De l’autre, elles érodent davantage la confiance, déjà fragile, que les particuliers peuvent avoir dans cet outil essentiel. À ce jour, aucun rapport de la DGCCRF ne mentionne d’augmentation des fraudes directement liées au DPE ou des pratiques de complaisance dans ce domaine.
Les véritables problématiques rencontrées
Les enquêtes menées sur les diagnostiqueurs ont mis en évidence des irrégularités, mais celles-ci concernent principalement des aspects administratifs ou précontractuels. Il peut s’agir, par exemple, de l’absence d’un ordre de mission ou d’un tarif communiqué uniquement à l’oral. Ces problèmes s’expliquent souvent par des interventions réalisées en urgence et ne sont pas spécifiquement liés au DPE lui-même.